lundi 30 juillet 2012

The Dark Knight Rises

THE LEGEND ENDS

2012. Christopher Nolan, avec Christian Bale, Tom Hardy, Michael Caine, Gary Oldman, Morgan Freeman, Anne Hathaway, Joseph Gordon-Levitt, Marion Cotillard.




SYNOPSIS: Il y a huit ans, Batman a disparu dans la nuit : lui qui était un héros est alors devenu un fugitif. S'accusant de la mort du procureur-adjoint Harvey Dent, le Chevalier Noir a tout sacrifié au nom de ce que le commissaire Gordon et lui-même considéraient être une noble cause. Et leurs actions conjointes se sont avérées efficaces pour un temps puisque la criminalité a été éradiquée à Gotham City grâce à l'arsenal de lois répressif initié par Dent.
Mais c'est un chat – aux intentions obscures – aussi rusé que voleur qui va tout bouleverser. À moins que ce ne soit l'arrivée à Gotham de Bane, terroriste masqué, qui compte bien arracher Bruce à l'exil qu'il s'est imposé. Pourtant, même si ce dernier est prêt à endosser de nouveau la cape et le casque du Chevalier Noir, Batman n'est peut-être plus de taille à affronter Bane…



Attention: légers spoilers.


Long Haloween, ma BD préférée,
et qui a aussi inspiré Nolan.

Batman. Ce héros sombre et torturé me fascine depuis mes 13 ans. C'était pourtant l'époque où les deux monstruosités de Joël Schumacher squattaient les salles de ciné. L'univers de Batman était devenu une farce. Pendant ce temps, l'ado que j'étais découvrait les comics de Miller, Moore, Doug Moench, se familiarisait au concept des "Legend of the Dark Knight" et attendait frénétiquement la parution trimestrielle du prochain volume du "Long Halloween" de Loeb/Sale. Je me souviens avoir espéré plus d'une fois qu'un jour, un réalisateur retranscrira avec exactitude ma vision du chevalier noir. Batman pourrait alors évoluer dans un monde sombre, réaliste et chaotique. Et puis cet éventuel réalisateur ne prendra pas les fans du Batman au mieux pour des gamins farfelus, au pire pour des décérébrés ou des gays refoulés. (ouais Joel Schumacher nous prenait vraiment pour ça!)
Même si j'adore les deux films de Burton et le dessin animé culte de Bruce Timm, j'ai également vite compris que les meilleures BD de Batman étaient des polars diaboliquement ficelés qui mériteraient de servir d'inspiration à un visionnaire (là je ne me doutais pas que l'avenir allait dépasser mes espérances). J'en suis aussi arrivé à la conclusion qu'il ne suffisait pas de faire venir Batman dans un univers personnel et gothique pour retranscrire pleinement la complexité des productions papier génialissimes des 90's. Burton, bien qu'ayant sa propre vision intéressante du personnage n'a jamais été pour moi une référence ultime. Car le problème de Burton est là: il se contente souvent de faire venir les personnages dans son univers sans explorer leurs psychologies. Il ne va pas à eux, il ne leur offre pas la dimension épique qu'ils méritent.


Il est chose ardue d'enchaîner après la perfection...


I miss you ! 

En 2005 Christopher Nolan est arrivé avec son prometteur "Batman Begins", j'ai alors constaté que ce mec avait compris beaucoup de choses dans l'appréhension du héros et de son environnement. Et puis arriva le fameux "The Dark Knight" qui devint un de mes films vénérés. Blockbuster intelligent au scénario complexe et subversif, "The Dark Knight" allait concrétiser à la fois toutes mes espérances d'ado et tous mes fantasmes de cinéphile. Nolan était allé au delà de mes rêves les plus fous. Il m'avait donné le film parfait. L'ayant vu une bonne vingtaine de fois en 4 ans, j'allais forcément créditer une confiance illimitée au réalisateur brittish et lui donner une indulgence totale en cas de ratage. Parce qu'il faut avouer qu'on y a tous pensé un peu, au ratage... La mort tragique d' Heath Ledger avait forcément bouleversé les plans de Nolan. On n'oublie pas non-plus ses hésitations en 2008 lorsque les questions sur un ultime opus se posaient. Ledger ne pouvait qu'occuper le devant de la scène dans ce troisième volet tant son personnage était devenu culte. Ce Joker fut un des plus grand méchants de l'histoire du cinéma, allant jusqu'à presque ringardiser Nicholson dans la version de Burton. (Le Joker de Ledger a bien plus d'épaisseur et d'ambiguïté, il fait peur dans son réalisme, il fait réfléchir, fascine, entraîne des questionnements contemporains, donc oui il fout bien plus les jetons que Jack dont le personnage se contente d'évoluer dans un monde imaginaire et abstrait).
Bref, il fallait pourtant introduire un nouveau méchant susceptible de reprendre ce flambeau révolutionnaire et destructeur, c'est donc Bane qui sera choisit. Le clown avait "laissé entrouvrir les portes à l'anarchie"... on s'est donc dit que Bane allait l'étendre en embrasant Gotham. En voyant certaines images on s'était dit qu'une lutte des classes aurait sans doute lieu. L'attaque de la bourse semblait prouver que l'anarchie allait s'étendre! Sauf qu'en réalité le chaos dans Gotham se révèle moins ambigu que prévu...





Un scénario plus classique et moins dérangeant.


PS: La voix de Bane en VF est juste insupportable...
...et en VO: c'est encore pire!!

Car soyons clairs: il apparaît indiscutable que les fameux journalistes américains qui ont formulé tant de critiques dithyrambiques avant la sortie du film devaient être en réalité payés par la Warner. Bien que Nolan remplisse une fois de plus parfaitement son contrat, ce n'est pas "le meilleur film de super-héros de tous les temps". Faut pas non-plus nous prendre pour des jambons... Bane, ce nouveau vilain brutal dont on ne voit que les yeux, n'a pas le charisme du Joker. Il n'en a pas la folie, il ne procure pas de fascination, il ne heurte pas nos convictions. Bane n'est pas un individu insaisissable que l'on ne peut ni raisonner ni corrompre. Il ne fait qu'obéïr religieusement à son ancien maître Ras Al Ghul... mouais... avouez que ça fait un peu bateau... Alors que l'on s'attendait à un flamboyant bouquet final anarchique de "The Dark Knight", on a donc finalement l'impression d'assister à une simple suite de "Batman Begins" assez conventionnelle dans le contenu. Nolan s'embourbe un peu dans les thèmes sous-jacents du film. Le propos politique notamment fait Pshiiiiit. L'anarchie attendue n'est qu'une révolution d'opérette sans cause idéal ni collective orchestrée par des prisonniers mutins de Panurge dépolitisés. Bane ressemble surtout à un religieux fanatique au cerveau lavé et issu d'une secte apocalyptique plutôt qu'à un leader politique. Et par dessus le marché il agit par amour pour Marion Cotillard (c'est dire s'il est lobotomisé le pauvre...)

L'autre interrogation du film était l'introduction de Catwoman. Anne Hathaway campe une Selina Kyle convaincante, crédible, énigmatique et ambivalente comme il le faut. Rien à redire. Le personnage très étoffé de J. Gordon-Levitt apporte également un plus indéniable, il reprend en quelque-sorte le flambeau d'Harvey Dent en tant que chevalier blanc de Gotham, humain, droit et juste. Contrairement à Dent qui reprèsentait l'élite éclairée, il représente le citoyen "normal", l'homme de bien qui contribue à édifier une civilisation. Il en vient à presque occulter un Jim Gordon un peu fatigué et mis de coté.
Il n'y a aucune référence au Joker qui brille forcément par son absence. La seule référence au film précédent est la mort d' Harvey "Two face" Dent: un évènement charnière qui aura des conséquences immenses dans la vie du Caped Crusader et dans la figure du héros symbolique que les citoyens de Gotham ont nécessairement besoin.
Le film est légèrement inférieur à "The Dark Knight". Le scénario y est moins élaboré, moins dense, moins grinçant et tordu aussi. Mais il n'en reste pas moins bien supérieur à l'immense majorité des super-productions actuelles. La réalisation est impeccable et on prend une fois de plus une claque visuelle par Nolan qui nous offre des scènes dantesques. On retrouve aussi toujours ces séquences qui foutent les frissons et hérissent le poil. Le britannique apporte surtout une conclusion épique et méritée au chevalier noir et à son double: Bruce Wayne. Car le vrai héros du film cette fois-ci c'est bien lui. La personnalité de Bruce Wayne y est encore plus disséquée que dans les autres films. Sa relation amicale avec Alfred est poignante, sa relation avec son alter-égo masqué l'est encore plus. Batman a droit à une sortie digne dans cette mythologie aboutie et ancrée dans notre monde moderne. La deuxième partie du film est une apothéose qui fait entrer cette version de Batman définitivement dans la légende. L'ado boutonneux et réveur qui subsiste toujours un peu au fond de moi est rassasié. La boucle est bouclée. Aucun quidam ne pourra plus jamais avoir de ricanement moqueur lorsque j'avouerais: "J'aime Batman".





vendredi 13 juillet 2012

The Amazing Spider-Man

PLUS EPIQUE, PLUS SOMBRE ET PLUS COOL


2012. Marc Webb, avec Andrew Garfield, Emma Stone, Rhys Ifans, Sally Field.





SYNOPSIS: Abandonné par ses parents lorsqu’il était enfant, Peter Parker a été élevé par son oncle Ben et sa tante May. Il est aujourd’hui au lycée, mais il a du mal à s’intégrer. Comme la plupart des adolescents de son âge, Peter essaie de comprendre qui il est et d’accepter son parcours. Amoureux pour la première fois, lui et Gwen Stacy découvrent les sentiments, l’engagement et les secrets. En retrouvant une mystérieuse mallette ayant appartenu à son père, Peter entame une quête pour élucider la disparition de ses parents, ce qui le conduit rapidement à Oscorp et au laboratoire du docteur Curt Connors, l’ancien associé de son père. Spider-Man va bientôt se retrouver face au Lézard, l’alter ego de Connors. En décidant d’utiliser ses pouvoirs, il va choisir son destin…


Je m'étais toujours dit que je ne cautionnerai pas ce film et que je n'irai pas le voir. Ce reboot arrivait sans doute trop tôt. La trilogie de Sam Raimi ne date que de quelques années et je la considère comme étant aboutie. Mine de rien, en trois films Sam a quand même pas mal exploré l'univers du tisseur. Je n'étais pas contre l'idée de refaire un Spidey avec un nouveau réalisateur et de nouveaux acteurs... mais revenir aux origines du héros tout en nous présentant une nouvelle fois le destin de l'araignée, ça fait vraiment pas sérieux et surtout ça a déjà été fait il y a moins de 10 ans...
Bref, ça m'emballait pas. Et puis j'ai vu des bandes-annonces alléchantes (bien plus que le prochain Batman), j'ai vu des images convaincantes d'Andrew Garfield et Emma Stone. Et puis surtout j'étais dans une période propice à le voir (lorsqu'on se mate le spectacle Spider-Man: Turn off the Dark à Broadway et lorsqu'on subit le matraquage publicitaire du film aux USA pendant une semaine, ça mettrais n'importe qui en condition). Quand on est en pleine déprime post-voyage à New-York, on se dit subitement que ça pourrait nous faire du bien de voir un bon blockbuster où des super-héros se foutent sur la gueule en plein Manhattan. Je suis aussi un puriste de comics et je ne suis pas sans savoir que trois séries parallèles de l'araignée cohabitent aux States et qu'elles sont bien différentes les unes des autres. Ainsi la série Ultimate Spider-Man revisite la vie du jeune Peter avec un style plus actuel, plus agressif, plus cool et on dirait bien que Webb a eu ça en tête et qu'il s'en est un peu inspiré. Donc au bout du compte j'y suis allé avec même une certaine envie, et j'ai pas été vraiment déçu malgré un scénario plutôt banal et un super-vilain un peu kitsch.

Moins colorée que l'adaptation de Raimi, ce qui marque d'abord à la vision c'est bien évidemment le personnage de Peter Parker incarné par Garfield, qui est en rupture totale avec Tobey Maguire. Vous vous rappelez? C'était le gus qui endossa le costume lors des trois films de Raimi. Car l'ami Tobey il faut avouer que c'était parfois un beau neuneu. On a tous en tête Tobey avec son sourire benêt devant Mary-Jane, Tobey béat sur sa mobylette pourrave avec son casque ridicule... Le comble était Tobey sombrant vers le coté obscur dans le n°3 en se laissant pousser une mèche, en déboutonnant la chemise et en tchatchant comme un ringardos sur les trottoirs de New-York... Ouais quand même, on a eu droit à ça... OK, j'admets: le lycéen Peter Parker est censé être brimé et peu sûr de lui. Sauf que le trait était parfois forcé chez Tobey et du coup on avait l'impression d'avoir affaire à un attardé...
Garfield au contraire est cool avec son skate et ses fringues. Il est maladroit sans être niais. Il est Intello sans être nerd. De plus, quand il porte le costume de Spidey, il balance des vannes insolentes aux méchants sans être arrogant, comme dans le comic-book. C'est d'ailleurs ce qui fait la force de la BD depuis 40 ans: Les ados s'identifient facilement au personnage car il les tirent vers le haut. Ils n'auront donc aucun mal à kiffer Garfield. A contrario, si des ados se sont identifiés un tant soit peu à Tobey Maguire... sérieux je crois que ces gosses en question ont ou auront de sérieux problèmes dans la vie! Spidey n'est pas le super-héros le plus magnifique, nombres de ses actes ont des conséquences négatives, parfois tragiques. Peter n'arrive pas toujours à ses fins, il fait ce qu'il peut, il reste cool et on l'aime ainsi. Mark Webb a compris ça. Les fans de la BD ne peuvent qu'apprécier.
A travers de nombreux petits détails, il apparaît indéniable ainsi que Webb respecte mieux la BD que Raimi. Il retranscrit également la chronologie amoureuse de Peter Parker dans son exactitude. Car le premier véritable amour de Pete, c'est bien la blonde Gwen Stacy... et non-pas Mary-Jane Watson! La belle rousse ne va conquérir le coeur de Pete qu'après un épisode qui provoqua un séïsme dans l'univers des comics-books aux USA: l'assassinat de Gwen par The Green Goblin. (OUPS... je crois que je viens de donner un vilain spoiler pour l' Amazing Spider-Man 2 !) 

Le fan que je suis est tout de même assez satisfait par ce reboot. Il aurait été réalisé il y a 10 ans, nul doute qu'il aurait été une référence en matière de comic-movies. Finalement c'est donc fort plaisant, fort stylé mais il n'est pas exempt de petits défauts, et il n'arrive pas à la hauteur du deuxième volet de Sam Raimi, qui est un must, il faut l'avouer. Marc Webb va devoir innover dans ses éventuelles suites pour ne pas tomber dans la redondance. Cette innovation ne passerait-elle pas par une mort de Peter comme dans la série papier Ultimate Spider-Man ? Intégrer dans un film Miles Morales, (a.k.a. le nouveau Spidey de l'univers Ultimate) ce serait en effet vachement culotté... 
Bref, The Amazing Spider-Man va souffrir de la comparaison avec la trilogie de Raimi, qui est encore loin d'être has-beeen, et qui bien que différente, a beaucoup de fans-puristes. Cela risque peut-être d'handicaper le film au box-office et de fatiguer légitimement le grand public. (ou pas...) Surtout si des suites viennent lui succéder. (ou pas...)


jeudi 31 mai 2012

Tamara Drewe

MARIVAUDAGES EN CAMPAGNE ANGLAISE.


2010. Stephen Frearsavec Gemma Arterton, Roger Alam, Bill Camp, Dominic Cooper.


SYNOPSIS: Avec son nez refait, ses jambes interminables, son job dans la presse people, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les coeurs, Tamara Drewe est l'Amazone londonienne du XXIe siècle. Son retour au village où vécut sa mère est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix. Hommes et femmes, bobos et ruraux, auteur de best-sellers, universitaire frustré, rock star au rancart ou fils du pays, tous sont attirés par Tamara dont la beauté pyromane et les divagations amoureuses éveillent d'obscures passions et vont provoquer un enchaînement de circonstances aussi absurdes que poignantes.


Parfois on tombe sur un petit coup de coeur dont on ne comprend pas comment il nous avait échappé jusque là. On découvre de manière inattendue un petit bonbon acidulé que l'on a envie de croquer comme les fesses de Tamara dans son mini-short (...hum je m'égare... mais quand même: mate un peu!) Gemma Arterton est craquante. Cette fille est mille fois plus canon que la pouffe siliconée Jessica Simpson dans "Shérif..." Car là où je veux en venir en disant ça, c'est que la vraie Daisy Duke contemporaine: et bien c'est Gemma/Tamara quoi! Y'a pas de doutes! Bref... arrêtons de comparer ce qui n'est pas comparable, arrêtons de comparer les navets avec les bombecs.

Donc hier j'ai vu Tamara Drewe, une comédie de moeurs adaptée d'un roman graphique de Posy Simmonds. Un joli petit film piquant à la finesse et à la subtilité so british. L'idiot que je suis avait ce bijou depuis des semaines dans son disque dur. Pourquoi ne l'ai-je pas visionné avant ? ça m'aurait pourtant évité quelques petits coups de blues... Car je me suis sentie chez moi en regardant ce film. Je me suis sentie dans un environnement familier et apaisant. Le film a pour cadre une maison d'écrivains dans la campagne anglaise qui va sombrer dans le chaos avec le retour d'une jeune journaliste du voisinage. Ceux que j'appelle les "bobos bouseux" et les intrigues d'un petit village forment en plus une atmosphère que je ne connais que trop bien.

J'ai un goût prononcé pour les ingénues provocatrices, ces reines du village que l'on regarde avec envie ou jalousie. J'aime les écrivains-séducteurs en carton qui passent pour des sommités dans leur milieu restreint. J'aime les rock-stars losers, benêts et snobs. J'aime les ragots qui circulent vite au sein d'une micro-société (et puis les histoires de coucheries, ça met toujours du piment quand on s'emmerde dans un village). Les pisseuses de 15 ans m'ont toujours fait rigoler: ces groupies admirant les paillettes, en décalage total avec leur environnement campagnard dans lequel elles se morfondent. J'aime aussi l'honnête homme un peu frustré mais qui tient à couper son bois droit dans ses bottes. J'aime les glandeurs paumés mais qui retrouvent l'inspiration au contact de la nature, en fantasmant sur la crémière. J'aime les vaches aussi. Je kiffe les waches.


  Les personnages sont attachants. Plusieurs formes de comiques sont réunies et le scénario est bien ficelé. Tout cela forme un petit univers dans lequel on se complaît. On regarde "Tamara Drew" comme un bon vaudeville de boulevard. On en ressort enjoué. Une véritable friandise, je vous disais.



dimanche 27 mai 2012

Cosmopolis

A HISTORY OF CAPITALISM



2012. David Cronenberg, avec Robert Pattinson, Juliette Binoche, Sarah Gadon, Mathieu Amalric.


SYNOPSIS: Dans un New York en ébullition, l'ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.


Bien loin de la bande-annonce laissant imaginer un thriller nerveux et électrique, je l'avoue sans prendre de gants et sans détour: ce film est une purge à visionner. C'est une oeuvre littéraire retranscrite sur grand écran, une critique abstraite du capitalisme incroyablement longue, bavarde et philosophique, certaines répliques profondes côtoyant les clichés les plus surfaits.
L’atmosphère est lourde dans ce climat de fin de monde. Le film est froid, de telle sorte que l'on reste indifférent devant l'inconsistance des personnages. La chute du capitalisme est ici synonyme d’apocalypse où tous les opposants du système ne peuvent être que violents et anarchistes. L'idéologie qui s'effondre laisse place à une anarchie toute aussi froide, déshumanisée et égoïste (une sorte d'anomie donc). C’en est même génant.. C'est comme si la société ne pouvait plus se régénérer, comme si ce système était une fin en soi et ne pouvait laisser sa place à un autre, un peu meilleur. Il n'y a pas de vainqueurs, il n'y a plus que des victimes et des inconscients. Aucune alternative future crédible au chaos ne semble possible, DeLillo remettant régulièrement en cause la nature humaine. Que les optimistes humanistes passent donc leur chemin!

Cosmopolis nous oblige à opérer une introspection personnelle dans un climat de désenchantement général, de telle sorte qu'on se retrouve à imiter ce héros repoussant. DeLillo ne se mouille pas, ne donne ni réponse, ni solutions, ni espoirs. J'ai eu une envie de révolte, une envie de lancer un gros "Merde! mais c'est nul !! Je me casse !!! " et larguer ainsi Pattinson dans sa bulle artificielle. Et puis j'ai pas attendu que Cronenberg me prenne en otage pendant presque 2 heures pour réfléchir sur le capitalisme et sur ses connards de représentants.
Les personnages du film qu’ils soient partisans ou opposants du système sont vaporeux, déshumanisés, désenchantés, égocentriques et n’interviennent que pour blablater leurs laïus respectifs. Qu’ils soient puissants ou misérables, chaque personnage se masturbe intellectuellement et c’est incroyablement lassant. Je suis ressorti blasé, agacé, sonné… et surtout confus, à l'image du héros.

Enfonce-moi bien ton pieux! Sale coco-anarcho-humaniste!
Mais le fait est que le personnage de ce golden-boy déchu et fantomatique me reste dans la tête, et me fascine encore deux jours après la vision. (le fait qu'il soit si fantomatique voudrait dire qu'il serait l'incarnation du "spectre qui hante le monde" d'après Marx? ...Haan...) Il doit y avoir une collection de symboliques derrière cette montagne de blablas abscons. Le truc c'est qu'en visionnant ce film, on a tout simplement pas du tout envie de les chercher...
Pattinson est bon, énigmatique à souhait. Quand il sort de la bulle de sa limousine, le héros navigue dans ce "No Human's Land" oppressant où toute règle a disparue, où les hommes sont dépourvus d'âme. Il effectue une quête, se découvre une liberté suicidaire. Même si Eric Packer semble avoir fait le deuil de sa fortune, il n'a pas fait celui de son destin d'exception ni celui de son statut. "Même dans la mort tu veux manifester ta supériorité au commun des mortels".

Le roman de Don DeLillo doit pourtant être fort intéressant mais la question est: était-ce vraiment nécessaire d'en faire un film, en tenant compte d'une narration aussi assommante, en utilisant des dialogues aussi assommants ? La réponse est clairement non! Si Cronenberg refuse de respecter les codes, après tout pourquoi pas... Mais autant de bavardages pompeux ne permettent pas de masquer la quasi absence de scénario (une des bases du ciné quand même quoi...) C'est dur d'éviter l'ennui, malgré une mise en scène parfaitement soignée.
Car les images détournent un peu notre attention du propos et nous empêchent d'assimiler parfaitement le discours ambitieux (et prétentieux ?) de l'oeuvre adaptée.
Cosmopolis au cinéma est un film-concept comme on n'en fait plus beaucoup et il a le mérite d'exister. C'est une expérience. Si certains veulent la tenter, je leur souhaite quand même bon courage.



mercredi 16 mai 2012

Dark Shadows

QUI AIME BIEN CHATIE BIEN.


2012. Tim Burton. Avec Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Eva Green, Helena Bonham Carter.


SYNOPSIS: En 1752, Joshua et Naomi Collins quittent Liverpool, en Angleterre, pour prendre la mer avec leur jeune fils Barnabas, et commencer une nouvelle vie en Amérique. Mais même un océan ne parvient pas à les éloigner de la terrible malédiction qui s’est abattue sur leur famille. Vingt années passent et Barnabas a le monde à ses pieds, ou du moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant, c’est un séducteur invétéré… jusqu’à ce qu’il commette la grave erreur de briser le cœur d’Angelique Bouchard. C’est une sorcière, dans tous les sens du terme, qui lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d’être transformé en vampire et enterré vivant. Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé…


Ce billet sera un déversement d'acide envers un bon film qui ne mérite pas forcément tant de critiques. Mais avec Burton j'en arrive à un stade où l'agacement surpasse la fan-attitude. J'en ai un peu ras le bol d'attendre depuis des années un de ses nouveaux film-référence... Car il faut bien l'admettre: Comme beaucoup d'autres, Dark Shadows ne fera sans doute pas date dans sa filmo. Quand est-ce que tu me cloueras le bec comme avant? P'tain Timmy! C'est un fan ingrat qui te le demande!

Je vais être franc: je considère que Tim Burton est toujours porté disparu depuis 2004, voire même depuis 1999 (considérant que Big Fish est à part, tant l'auteur de ce blog a chialé comme jamais en le voyant...) Rien à faire: Après avoir vu Dark Shadows, je n'ai toujours pas retrouvé le feu sacré des années 90. J'entends par là: Edward aux mains d'argentsBeetlejuice, Batman, Sleepy Hollow, Mars Attacks. Je n'inclue pas dans cette liste Sweeny Todd, car mis à part deux scènes éblouissantes et sanglantes, visionner ce film a été une purge... Peut-être que l'aspect délicieusement vintage qui me plaisait tant dans Edward ou Beetlejuice n'est plus correctement retranscrit comme avant... (la faute au numérique?) Peut-être que l'iconoclasme de Mars Attacks n'est plus présent... Peut-être que l'esprit gothique inquiétant et limite claustrophobique de Sleepy-Hollow et de Batman Returns n'y est plus non-plus... Peut-être un peu de tout ça.

Jack Sparrow featuring Jean-Marie Poiré.
Ce Dark Shadows est tout de même fort plaisant pendant plus d'une heure mais ça sent quand même le déjà-vu aseptisé. Les dernières trente minutes sont baclées, presque ridicules, on en reste immanquablement sur sa fin. Les principaux gags sont usés jusqu'à la trame, Johnny Depp se prend pour Jacquouille la Fripouille, et le scénario est si faible qu'il pourrait être écrit sur mon ticket de ciné (cela devient récurent ça aussi...) On ne retrouve qu'à de trop rares passages l'iconoclasme burtonien d'antan mais pourtant, paradoxalement, le réalisateur fait de l'auto-citation pendant tout son film. Quand il ose sortir de son univers, Timmy se plante. Quand il reste dans son giron,Timmy sert du réchauffé. Peut-être faudrait-il aussi mettre entre parenthèses cette collaboration systématique avec Johnny Depp qui contribue sans doute à faire naître cette impression de déjà-vu? Non mais sérieux ça commence à devenir lourdingue de le voir caser son pote et sa meuf dans tous ses films... Et on a surtout la désagréable impression que Depp et HBC ne se contentent plus que d'assurer le service minimum... et c'est toujours à peu près la même prestation...

Désolé mais ça fait quand même beaucoup de petits défauts qui en forment un gros.
Alors certes on passe un bon moment dans l'ensemble, Michelle Pfeiffer, Eva Green et Chloë Moretz sont géniales, mais j'avais déjà oublié ce film le lendemain matin et ce n'est jamais bon signe... Pour moi les petites déceptions se suivent et se ressemblent depuis Big Fish. L'âge d'or semble bel et bien terminé. Timmy est fatigué. Timmy a perdu de sa poésie.

A l'instar d'Angélique Bouchard aimant Barnabas tout en le faisant horriblement souffrir, je t'aime quand même toujours Timmy. Furieusement.